Carole Fives frappe juste avec un personnage de mère célibataire sans back-up, devenue figurante de sa propre vie, qui tente malgré tout d’exister. Elle rend cliniquement compte de l’enchaînement sans fin des gestes de la « bonne mère » : soins, rangement, ménage, courses, démarches, avec pour seul horizon le supermarché et le parc, « un endroit où mourir à petit feu ». Le soir venu, les heures passées sur les blogs et forums maternels où se déversent aussi bien les injonctions culpabilisantes que le désespoir qu’elles engendrent, perpétuent l’oppression, nourrissent les fantasmes de disparition. Pour échapper à ce huis clos infernal, à cette « dissolution des jours et des nuits », elle fugue, une fois l’enfant endormi, telle la chèvre de M. Seguin en quête de liberté. Mais tiendra-t-elle jusqu’à l’aube ? Un roman coup de poing, en lice pour le prix Médicis.