“Une année lumière” (Nathacha Appanah, Gallimard, 2018) + “Île” (Siri Ranva Hjelm Jacobsen, Grasset, 2020)
Le premier : une sélection de chroniques intemporelles publiées dans le journal La Croix en 2017, interrogeant aussi bien l’intime, la place « humaine, physique, littéraire, spirituelle » de l’autrice, que la violence politique et sociale. Avec comme rempart contre cette dernière et le risque d’« anesthésie au monde » que suscite l’accumulation des tragédies, l’écriture qui fait entendre les voix des laissés-pour-compte.
Le second : un voyage dans le temps et l’espace avec une narratrice danoise en quête de la part féroïenne de ses racines. Au-delà des grands-parents, c’est toute une mythologie familiale qui émerge, femmes robustes et hommes taiseux aux prises avec la rudesse de la vie, adoucie par l’alcool ou les cachets, ces « comprimés de vacances ». Des vies que l’autrice a l’art de restituer par d’infimes détails qui disent beaucoup plus qu’eux mêmes, le tout dans une nature XXL.
Quel(s) rapport(s) ? Les thèmes bien sûr : l’émigration des ancêtres et/ou la sienne propre – des Féroé au Danemark pour Siri Ranva Hjelm Jacobsen, de l’Inde vers l’Ile Maurice puis la France pour Nathacha Appanah – et ce qui se transmet ou se perd au travers des générations des langues, des cultures, et des identités. Et le style : deux écritures sensuelles, poétiques, délicates mais frontales lorsqu’il faut dire la dureté, l’âpreté du monde et des cœurs.
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